jeudi 16 juin 2011

LA POSTE, ça compte !








La mésaventure d'un « usager » de La Poste.







Ce matin, 16 juin 2011, à 10 h 15, je me présente au bureau de Poste de Decize.






J'ai deux lettres à affranchir : l'une pour Decize, l'autre pour l'Allemagne, et ma réservation trimestrielle philatélique à retirer.






L'employée me dit : « Il n'est pas possible de vous servir. Le système informatique est en cours de réparation. Allez à l'automate.» Je pose ma lettre pour l'Allemagne sur le plateau de l'automate, je la pèse, je choisis « pays étranger » ; l'engin me demande de taper le début du nom du pays ; je tape ALL, le nom Allemagne s'affiche ; j'ai ensuite deux options à choisir : « Annuler » et « Retour ». Naïvement je choisis « Retour », croyant passer à l'étape ultérieure. Me voilà revenu au point de départ. Rebelote. Deuxième, puis troisième échec. Faut-il conclure que l'Allemagne n'est plus un pays étranger ? Je n'ose tout de même pas affranchir au tarif français, ce qui conduirait mes correspondants à payer une surtaxe.






Je retourne au guichet. L'employée a disparu. Une affichette indique « Guichet momentanément fermé ». Derrière l'ordinateur, un jeune homme tapote fébrilement, sans doute un expert ; il semble désemparé.






Je fais le tour du bureau ; un autre client me montre une seconde affichette : « Le 16 juin, de 9 heures à 12 heures, le bureau de poste de Decize ne pourra effectuer aucune opération. Prière de vous adresser au bureau de poste de La Machine... » Effectivement, il semble judicieux d'aller poster à La Machine une de mes lettres qui reviendra à Decize. Les frais de déplacement, le temps perdu sont des notions absentes dans le cerveau des responsables de la Poste.






Je n'en veux pas au petit personnel, ballotté entre des réformes absurdes, des grilles horaires contraignantes et, de plus en plus, confronté à la mauvaise humeur des usagers – pardon, des clients.






Je n'en veux pas non plus aux grands directeurs de la Poste, nommés par complaisance politique et soucieux d'apporter chaque année quelques millions supplémentaires à leurs actionnaires. Ils jouent le jeu pour lequel ils sont grassement rétribués.






Mais il me paraît bien difficile d'accepter tous ces slogans infantilisants et mensongers : « La Poste ça compte ! » et « 36786 Pingouins sont plus heureux ». Serions-nous devenus des « pingouins », animaux grégaires et imbéciles ?

Est-il possible de revenir à un service postal de qualité ? Quand la France et l'Europe auront sombré dans la misère et la révolte, sans transports en commun (la SNCF va bientôt rattraper les chemins de fer anglais), sans service postal (mettons des automates partout, les personnels deviendront chômeurs), sans service d'éducation (supprimons 17000 emplois par an, la qualité s'en ressent déjà), sans service de santé (prenons exemple encore sur le Royaume-Uni), sans même de forces militaires suffisantes (voir les exploits que réalisent nos aviateurs en Libye et en Afghanistan), les pingouins-clients – non, usagers, ou citoyens – se réveilleront peut-être.












Le plus tôt serait souhaitable.

P.V.