L'ancien
couvent des Minimes
de Decize.
L'histoire très complète d'un monument de Decize.
I
- Le prieuré bénédictin Saint-Pierre.
Vers 1026, Landri, premier comte héréditaire de Nevers, cède aux moines bénédictins de l'abbaye Saint-Germain d'Auxerre des terrains sur lesquels ils vont bâtir un prieuré. Renaud, second comte de Nevers et fils de Landri, confirme ce don par une charte en 1032.
La construction des bâtiments abbatiaux se fait dans la seconde moitié du XIe siècle et le XIIe siècle. De ce prieuré bénédictin, il reste le plan d'ensemble des bâtiments, les soubassements, le clocher et une partie du choeur roman de l'ancienne église.
Le
5 des ides de février 1151 1,
une bulle du pape Eugène III précise les droits de
dîmes des religieux du prieuré Saint-Pierre et leur
accorde la nomination des curés de plusieurs paroisses des
environs: Sainte-Marie de Brain, Saint-Maurice, Saint-Léger et
Saint-Martin de Druy.
A
partir de 1445, plusieurs documents rappellent que le prieur de
Saint-Pierre a le droit de basse-justice sur les habitants de
plusieurs paroisses soumises à sa dîme.
On
connaît assez mal la présence bénédictine
à Decize. Combien étaient-ils ? Sans doute un tout
petit nombre. Les constructions imposantes, la superficie de l'enclos
du prieuré et les revenus importants (fermes, rentes et dîmes)
tendent à prouver que les bénédictins ont
bénéficié d'avantages multiples concédés
par les comtes de Nevers, par les échevins de Decize et les
seigneurs des paroisses voisines. Le dernier prieur commendataire,
Claude de Damas, issu d'une puissante famille du Nivernais, n'a sans
doute pas négligé les ressources du couvent.
Toutefois,
Jean Hanoteau mentionne des difficultés passagères : en
1370, le prieuré ne peut payer une redevance due à
l'évêque de Nevers 2.
Quoi
qu'il en soit, les bénédictins ont, semble-t-il,
délaissé leur prieuré de Decize aux XVe
et XVIe siècle. Le grand incendie qui a ravagé
Decize en 1559 n'a pas épargné l'église et les
bâtiments claustraux. On distingue plusieurs pierres marquées
par le feu, dans les parties inférieures de l'ancienne église.
Au début du XVIIe siècle, le prieuré
Saint-Pïerre était à l'abandon.
Le cloître.
II - Les Minimes appelés à Decize.
Les
Minimes, ou Ermites de saint François (sous-ordre des
Franciscains), ont été institués en 1435 dans le
sud de l'Italie par saint François de Paule (1416-1507).
L'ermite de Calabre était venu à Plessis-lez-Tours afin
de soigner le roi Louis XI et l'assister dans son agonie, puis il
s'était établi en Touraine et il avait acquis une très
grande réputation parmi les Français.
Dans
le grand courant de la Contre-Réforme qui suit le Concile de
Trente, les Minimes, moines prédicateurs, sont appelés
dans le Nivernais afin de lutter contre le protestantisme. Ils sont
déjà installés à Nevers lorsque les
échevins de Decize leur conseillent de venir en leur ville
"pour le bien commun des habitans de cette ville et lieux
circonvoisins où se retrouvent quelques uns faisant profession
de la religion prétendue réformée." Ils
pourront s'établir dans un ensemble conventuel que les
Bénédictins sont prêts à leur céder,
le prieuré Saint-Pierre. "Au moyen du catéchisme,
des prédications et autres saints et pieux exercices",
ils doivent venir à bout des petites communautés
protestantes qui subsistent dans le sud du Nivernais.
Le
23 mai 1621, les échevins et les principaux habitants de
Decize délibèrent sur l'établissement des RR.
PP. Minimes. Dans un premier temps, on leur cède la Maison du
Sacristain, un petit bâtiment qui jouxte le prieuré (au
lieu-dit le Car-Tarault, ou Cartarot), acheté 107 livres à
Lucas Mignault. La municipalité de Decize octroie aux Minimes
une rente de 600 livres tournois, à condition qu'ils prêchent
dans l'église Saint-Aré neuf fois par an (grand-messes
de la Purification, de l'Ascension, de Saint-Aré, de la
Nativité, de la Pentecôte, de l'Assomption, de la
Trinité, de la Fête-Dieu et de la Toussaint). Un premier
contrat entre la ville et les Minimes est passé devant le
notaire Pasquier dès le lendemain de cette délibération.
Le 4 octobre 1621, le supérieur du couvent de Nevers vient
prendre possession des premiers locaux 3.
Le
long transfert du prieuré,
d'un ordre religieux à
l'autre.
Les
religieux Minimes doivent ensuite obtenir toute une série
d'autorisations. En juillet 1622, le roi Louis XIII approuve la
cession du prieuré par lettres patentes données à
Tonneins ; le duc de Nivernais, l'évêque de Nevers,
l'abbé de Saint-Germain d'Auxerre approuvent également.
Cinq religieux arrivent à Decize, accompagnés par le
R.P. Dupré, provincial de France. Maître Contamine,
notaire, enregistre l'installation du R.P. Nicolas de La Croix,
premier prieur des Minimes de Decize. Le procureur fiscal verse la
première rente.
Ces
autorisations sont suivies, pendant encore près de vingt ans,
par des démarches complexes. Une ordonnance approuve la
cession par les Bénédictins du prieuré aux
Minimes; le bureau des finances de Moulins enregistre cette cession
le 7 octobre 1622 ; le pape Urbain XIII, le Parlement de Paris, le
duc de Nevers sont consultés et donnent leur accord. Il reste
à céder les multiples droits et dépendances
attachés au couvent. Le dernier prieur titulaire, Claude de
Damas, est dédommagé. Le 23 juin 1624, sont prononcés
officiellement "désunion, démembrement,
extinction et suppression du prieuré bénédictin".
Les Minimes rembourseront encore 4000 livres à la famille de
Damas en 1668.
La
cession d'un prieuré entre deux ordres religieux est avant
tout une importante affaire commerciale. L'inventaire des biens et
droits du couvent établi en 1790 est impressionnant ; la
fortune des Minimes, évaluée autour de 400 000 livres à
cette époque, n'a pas été bâtie seulement
depuis 1622. La plupart des dîmes, des bordelages, des rentes,
des fondations, le monopole des fours banaux, plusieurs domaines
agricoles avaient été transférés des
Bénédictins aux Minimes.
La
reconstruction du couvent.
Les
Minimes, nouveaux possesseurs du prieuré Saint-Pierre, doivent
entièrement rebâtir leur couvent, d'autant plus que, le
17 juin 1626, la nef de l'église s'écroule. Seuls le
clocher et le choeur subsistent de l'édifice roman. Le notaire
Jacques Pasquier avait déjà dressé, quelque
temps auparavant, un procès-verbal inquiétant de l'état
du prieuré : les portes restaient ouvertes jour et nuit ; la
volaille, les chiens, les chats et les petits enfants circulaient
librement dans l'église ; les autels étaient recouverts
de paille et de détritus ; les châsses renfermant les
reliques de trois saints étaient grandes ouvertes depuis qu'un
forcené les avait renversées...
Le
nombre de religieux s'accroît. Pour financer les travaux, ils
vendent les arbres qui couvrent 300 arpents de l'immense forêt
qui leur a été léguée par les Bénédictins
(désormais elle est appelée forêt des Minimes).
Des arbres que François Boucheroux, seigneur des Maretz,
demeurant à Orléans, leur paie 18000 livres et qu'il
fait livrer en aval.
Des
équipes de maçons s'affairent pour réparer le
couvent et bâtir une nouvelle nef, plus large. Cette nef est
éclairée par de grandes baies ogivales. Elle est
surélevée par rapport au transept. Assez rapidement,
l'ancien choeur roman est délaissé et sert de sacristie
; des estrades et des cloisons de planches sont érigées
dans le transept. Les stalles des religieux entourent le
maître-autel. Une seconde séparation, grillagée
ou matérialisée par une grille, isole les moines de la
nef, dans laquelle les habitants de la ville peuvent se tenir pendant
les offices.
Le 12 août 1643, un acte notarié donne la liste des moines : le prieur se nomme Gilles Cossard, il est entouré des pères Nicolas Flémon, Bernard Pignier, Bernard Prévost, Pierre Lefebvre, Pierre Aprest, Nicolas Saller, Joseph Fargue et Pierre Priart.
Le
23 novembre 1650, le roi Louis XIV exempte le couvent du logement des
gens de guerre. "Sa Majesté fait deffense à
tous chefs et officiers commandants et conduisants les gens de guerre
de quelque nation et qualité qu'ils soient de loger ny
souffrir qu'ils soient logé aucun de ceux qui sont sous leurs
charges, dans le convent, maisons, four banal et lieux en
dépendants." Cette lettre de sauvegarde est réitérée
le 19 décembre 1656 : le roi "permet auxdits Religieux
de mettre les armoiries de sa Majesté, panonceaux et batons
royaux en tels endroits et advenues des dittes maisons et métairies."
L'écusson portant les armes royales est apposé sur
la façade. Il est entouré par deux autres écussons
: à droite les armes de Charles de Gonzague (entourées
du grand collier de l'ordre de la Rédemption, fondé à
Mantoue) et à gauche trois clefs rappelant que l'ancien
prieuré a été consacré à saint
Pierre 4.
Le
couvent est terminé en juin 1669. Mgr Vallot,
évêque de Nevers, vient le bénir et "confirmer
pendant deux jours de suite un grand nombre d'hommes, de femmes et
d'enfants".
La
dispersion des Minimes.
En
1790 les six derniers Minimes, Jean Sionnest, Jean-Joseph Gaudry,
Joseph Gaudot, Guillaume Pajot, Jean-Baptiste Masclet et Nicolas
Desvignes sont réduits à l'état laïc. Leurs
livres de comptes sont épluchés par
l'administration nouvelle de la commune et du district, qui est venue
installer ses bureaux dans le ci-devant couvent.
Leur
revenu total pour l'année 1789 est établi à
13898 livres 17 sols et 9 deniers, sans compter les redevances en
nature. Si l'on ôte les charges et dettes à rembourser,
les religieux ont dépensé en 1789 5000 livres, soit
moins de 1000 livres par individu, une somme qui est inférieure
aux 1500 livres du salaire promis par l'Assemblée Nationale
aux prêtres fonctionnaires. Mais, les Minimes restent
propriétaires de ces immenses richesses qui frappent
l'imagination des Decizois, et qui sont devenus biens nationaux.
On
met en adjudication les domaines agricoles. La Guédine vaut
12452 livres, les Valettes 18000 livres, la Meulle 19500 livres, les
coupes de bois 182211 livres...
III
- Les utilisations successives des bâtiments.
Pendant
la Révolution, les nouvelles autorités municipales de
Decize dispersent les biens agricoles, forestiers et industriels des
ci-devant moines mais elles ne vendent pas les bâtiments du
couvent.
L'ancien
couvent devient pour deux décennies une sorte de centre
administratif : les bureaux de la municipalité et du district,
le tribunal et la prison s'y installent. L'église est
transformée en salle de réunions, où se tiennent
les élections, les réunions patriotiques. Plusieurs
fonctionnaires avec leurs familles sont logés dans les étages.
Les
bâtiments se dégradent ; il faut réparer
plusieurs toits, renforcer un mur de soutènement. Le clocher
et l'arête du toit de l'église ont souffert en Brumaire
an II, lors de la dépose des quatre cloches. Le 15 Frimaire
suivant, l'entreprise Ducaroy est chargée de démonter
une partie du clocher, d'édifier une nouvelle charpente et de
couvrir la tour. C'est alors que le clocher perd le bulbe qui
lesurmontait depuis la reconstruction du XVIIe siècle
et retrouve une structure plus proche de l'architecture romane.
L'église est couverte d'ardoises neuves.
Après
plusieurs réparations onéreuses, l'administration
décide de vendre l'ancien couvent des Minimes. La vente aux
enchères se passe à la préfecture de Nevers. A
l'extinction du troisième feu, le citoyen Claude-Marie Raboué,
seul enchérisseur, commerçant à Decize, devient
propriétaire du couvent pour la somme de 8000 francs. Le
paiement est effectué trois ans plus tard : le 2 avril 1811,
la quittance est signée par le sénateur Chaptal, comte
de Chanteloup, trésorier du Sénat.
Cette
propriété est transmise par héritage à la
famille Hanoteau.
Le
café Bellevue.
Depuis
leur vente à Claude-Marie Raboué, la majeure partie des
locaux est louée. Des logements ont été aménagés
dans les étages. Au rez-de-chaussée, les deux grandes
salles qui avaient auparavant servi de salle d'audience et de greffe
du tribunal, ont été décorées en stuc et
ont abrité le café Bellevue. Cette décoration
mêle des faisceaux d'armes, bien dans le goût de
l'époque, des motifs fantaisistes et un ensemble d'outils (qui
peuvent être interprétés comme des symboles
maçonniques 5).
Ce
café a été le lieu de rencontre à la mode
de la bourgeoisie decizoise, du moins pendant quelques années.
Puis il a périclité. Un visiteur, l'industriel
Hippolyte Guérin en fait une description assez critique :
"Au
faîte aigu d'une ruelle à pic,
J'avise
un grand couvent décoré d'une enseigne,
Où
je lis (excusez si l'orthographe en saigne !)
Peint
en cinq lettres d'or amorçant le public,
Le
mot CAFFE... Voilà ce qui révèle,
De
par saint Guttemberg et sa presse immortelle,
L'art
compris largement et non pas ric-à-ric !''
L'école des Frères Maristes.
Le
27 octobre 1859, un partage par devant maître Gabriel Breton a
lieu entre les deux fils de Jeanne Marie Raboué et de feu
Charles Constance Hanoteau : le chef de bataillon du génie (et
futur général) Louis Joseph Adolphe Hanoteau, et son
frère, le peintre Hector Hanoteau. C'est le militaire qui
hérite du clos des Minimes.
Depuis
1853, le curé Henry Deplaye a fait venir à Decize
plusieurs religieux maristes qui tiennent une petite école
dans l'actuelle rue Carnot. Ils sont à l'étroit. C'est
pourquoi se constitue la Société Notre-Dame des
Minimes, dont les principaux actionnaires sont la comtesse Du Prat,
Guillaume Boigues et plusieurs notables de Decize. Cette société
loue d'abord, puis achète en 1860 l'ancien couvent à
Louis Joseph Adolphe Hanoteau, qui est alors commandant du Cercle de
Draâ-el-Mizan, en Algérie.
A
la rentrée de 1855, les frères maristes et leurs 55
élèves emménagent dans les grandes salles du
rez-de-chaussée. L'école est complétée
par un internat et l'effectif dépasse rapidement 140 élèves.
Cette école privée va durer un peu plus de cent ans.
Elle ferme en 1967.
Cette période est marquée par plusieurs modifications architecturales. Le choeur et le transept de l'église sont séparés de la nef par un mur de briques ; ils servent de chapelle aux frères maristes et à leurs élèves. La nef abrite les activités de patronage de la paroisse et accueille régulièrement des représentations théâtrales et des concerts ; le musicien Gabriel Monnot y invite plusieurs jeunes talents, dont sa fille Marguerite.
L’Hôpital
Militaire des Minimes.
Durant
la Première Guerre mondiale, le comte Etienne de Dreux-Brézé,
propriétaire des locaux de l'école privée, et
président de la Croix-Rouge de Decize, installe aux Minimes un
hôpital militaire auxiliaire. Les élèves internes
de l'école des frères sont logés en ville et au
Château de Germancy, ce qui libère deux dortoirs.
En
novembre 1915, l'hôpital auxiliaire n°3 peut accueillir 110
malades ; avec l'ouverture de deux annexes, il en reçoit
jusqu'à 126. La grande salle du patronage héberge les
soldats en convalescence ; des spectacles et des conférences
de soutien à la Croix-Rouge s'y tiennent régulièrement.
Pendant
la durée du conflit, 2214 blessés et malades ont été
soignés aux Minimes. Le total des journées
d'hospitalisation s'est élevé à 93597. Il n'y
eut que douze décès.
En
récompense de leur travail, les infirmiers et infirmières
bénévoles ont reçu des diplômes et
insignes de la Croix-Rouge. La médaille de la Reconnaissance
Française a été décernée au comte
et à la comtesse de Dreux-Brézé. Ces généreux
donateurs ont été enterrés
dans la chapelle de l’école.
Le
cinéma Rex et l'incendie de 1979.
Au
cours des années d'après-guerre, la grande salle des
Minimes est parfois transformée en cinéma pour divertir
les jeunes du Cercle Saint-Aré.
A
partir d'avril 1937, le Cinéma
Paroissial des Minimes joue chaque dimanche, à dix-sept
heures. « C'est simple et c'est moral. on repart avec
de la joie, de l'émotion saine et un peu plus d'idéal
dans le coeur 6. »
Le prix est modique : un franc. Le 6 février 1938, a lieu
l'inauguration d'une salle « rajeunie et élégante,
aménagée pour l'acoustique ». Quatre
séances hebdomadaires sont prévues (vendredi et samedi
à 20 h 45, dimanche à 16 h et 20 h 45). Le Cinéma
des Minimes est désormais le concurrent du cinéma
Mondial.
Pendant
le second conflit mondial, l’abbé Parent, vicaire de la
paroisse, inscrit le cinéma des Minimes à l’Amicale
des OEuvres, une fédération de patronages nivernais. Le
cinéma va changer de nom pour devenir le Rex.
En
1957, la cabine de projection est modernisée selon les normes
de sécurité de l’époque. Le cinéma Rex
de Decize est géré par le Rex de Nevers (dirigé
par l’abbé Bonin). M. Elie Poulard est nommé
projectionniste et responsable de la salle. Le Rex joue six jours sur
sept, avec deux séances le jeudi et trois le samedi. Dans les
années 1970 s’ajoutent un Ciné-Club et quelques
séances de Connaissances du Monde.
La
fréquentation hebdomadaire moyenne est de 300 à 400
spectateurs. Le maximum est de 1200 spectateurs. Les grands succès
sont Ben Hur, Les Raisins de la Colère, Quand passent les
cigognes, La Belle des Belles, Mon Oncle, Le Roi de coeur, La Grande
Illusion, Il était une fois dans l’Ouest, King-Kong,
Diabolo-Menthe… 7
Le
Rex n’a plus de concurrent à Decize car le Cinéma
Mondial a fermé en 1969.
Le
26 juin 1977, une association nommée l’AGECIREX est fondée
à Decize dans le but de relancer la fréquentation du
cinéma - concurrencé par la télévision -
et de moderniser la salle. La commune de Decize participe au
financement. Au programme de la saison 1978-1979, il y a des succès
récents : Le Crabe-Tambour, La Fièvre du samedi
soir, L’Amour violé…
Le
samedi 24 et le dimanche 25 novembre 1979, on joue le film Hair.
Pour la semaine suivante, le projectionniste avait prévu La
Tour infernale…
”Le
cinéma de Decize entièrement détruit par un
incendie. Le feu s’est communiqué à un entrepôt
voisin. Les dégâts sont considérables.
Dans la nuit de
mercredi [28] à jeudi [29 novembre 1979], un incendie d’une
rare violence éclatait à Decize. Lorsque les trois
coups de la sirène retentirent sur la ville endormie, vers 1 h
30 du matin, le sinistre avait déjà pris des
proportions très inquiétantes.
Dans
un bâtiment du Couvent des Minimes, le cinéma Rex était
la proie des flammes, et déjà plus rien ne pouvait être
fait pour le sauver lorsque l’alerte fut donnée.
Le
cinéma Rex était installé dans l’ancienne
église du Couvent des Minimes qui avait été
refaite au XVIIe siècle. Ce bâtiment très
imposant bénéficiait d’une formidable charpente en
châtaignier, véritable oeuvre d’art en elle-même.
C’est
non seulement l’unique salle de cinéma de Decize qui
disparaît mais, avec elle, un ouvrage d’art.
De
tout cela il ne reste que les murs et encore l’immense pignon
triangulaire a beaucoup souffert et se trouve lézardé.
L’accès aux alentours en est d’ailleurs interdit au
public. Les flammes n’ont rien épargné, sauf les deux
films qui se trouvaient dans la salle de projection. Dans les sièges,
dans le plancher, le plafond et la charpente, le feu a trouvé
un combustible idéal. Fort heureusement, ce sinistre n’a
fait aucune victime .”
La
restauration et la réaffectation des locaux.
La
ville de Decize s'était rendue acquéreur de l'ancien
couvent en 1975. Les bâtiments étaient en mauvais état
et plusieurs années d'inutilisation n'ont fait qu'amplifier
leur dégradation.
L'incendie
de novembre 1979 précipite les travaux de restauration et il
permet de rendre à l'ancienne église, au cloître
et à la cour un aspect plus proche de leurs fonctions
premières.
Le
3 mars 1981, le conseil municipal de Decize décide de
reconstruire la partie sinistrée des Minimes. Sous le contrôle
de M. Collette, architecte départemental des Monuments
Historiques, les travaux se déroulent jusqu'en 1984. La
charpente et la toiture de l'église sont rétablies, les
murs sont grattés et recrépis, des pierres sont
taillées et placées à la place d'éléments
trop friables ou incomplets, de nombreux ajouts parasites sont
enlevés.
Que
faire de l'ancien couvent ? Plusieurs options se présentent
alors. Certains Decizois souhaitent y établir un centre
culturel, un musée, des salles de réunion pour les
nombreuses associations. Le choix de la municipalité est
différent : dans les locaux habitables, il y aura une maison
de retraite et l'ancienne église restaurée est réservée
aux expositions artistiques et aux concerts 8.
La
maison de retraite ouvre en 1989. Deux associations gèrent
successivement cet établissement qui parvient difficilement à
boucler un budget en équilibre. En 2004, le foyer-résidence
de personnages âgées ferme et les locaux sont transférés
à l'Hôpital Spécialisé de La Charité.
Sept
ans plus tard, l'ancien couvent des Minimes est à vendre...
La salle Olga Olby.
L'ancienne
nef de l'église, débarrassée des aménagements
modernes du cinéma, a repris un aspect qu'elle devait avoir
autrefois. Propriété communale, c'est une salle
d'expositions, utilisée par le Cercle Artistique de Decize,
par des artistes invités, par des associations locales. Le
public vient y entendre des concerts et des pièces de
théâtres.
Cette
salle a reçu le nom d'Olga Olby.
Tableau d'Olga Olby.
Olga Olby.
Olga Hrschanovskaia est née le 14 avril 1900 à Kichinev (dans la province russe de Bessarabie, actuellement Chisinau, capitale de la République de Moldavie). Ses parents sont venus de Pologne. En 1919, elle entre à l'Académie des Beaux-Arts de Kichinev. Elle étudie ensuite à Bucarest, à Berlin, puis elle s'installe à Paris. Elle prend le pseudonyme d'Olga Olby.
En
1924 elle acquiert la nationalité française. Elle
épouse le docteur Yves Dommartin et s'établit dans le
Nivernais. Plusieurs de ses toiles sont exposées dans les
galeries parisiennes.
Olga
Olby décore l'église de Saint-Léger-des-Vignes
(1950-1953). Elle expose régulièrement dans les grands
salons internationaux. En 1973, elle s'installe en Bretagne. Elle
décède en 1990. Ses oeuvres ont été
léguées en partie à la ville de Decize 9.
(Pierre Volut).
1
Le calendrier
romain julien, repris par le premier calendrier chrétien,
utilisait toujours la division romaine traditionnelle de chaque mois
(ides, nones et calendes, avec décompte des jours avant ces
trois repères). Les ides de février étaient le
13e jour du mois.
2
Jean Hanoteau,
Guide de Decize, p. 77 et sq. ; et discours, Association
amicale des Anciens Elèves du Pensionnat N.D. des Minimes,
1931, p. 15-26.
3
Cf. Inventaire des titres des Minimes de Saint-Pierre de
Decize, A.D.N. cote H 274. Ce document, très complet et
rédigé d'une façon très lisible regroupe
plusieurs centaines d'informations capitales sur les Minimes de
Decize.
4
Ces écussons ont été copiés et
remplacés au début du XXe siècle,
lorsque le comte de Dreux-Brézé a fait restaurer la
grande baie vitrée de la façade. Mais la pierre très
friable n'a pas résisté aux intempéries ni à
l'incendie de 1979.
5
Aucun document ne prouve qu'il y ait eu une loge maçonnique
à Decize au XIXe siècle. Le propriétaire
du Café Bellevue était peut-être influencé
par les représentations symboliques du compagnonnage.
6
Publicité parue dans la revue paroissiale
Tous Frères à Decize et Saint-Léger,
n°3, avril 1937.
8
Séance du conseil municipal du 19 mars
1984.
9
Ce don est accepté lors de la séance
du conseil municipal du 2 mars 1982. Des sculptures de l’artiste
Lydia Luzanowsky font partie de ce legs.
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